Ce 8 janvier, j’ai eu l’occasion de m’adresser à l’ensemble de la Communauté universitaire. J’ai pu ainsi présenter mes priorités pour 2015.
Vous êtes plusieurs à ne pas avoir pu assister à ce discours et à me demander de pouvoir le consulter. Mon blog me permettant de communiquer au plus grand nombre, il m’a par ailleurs semblé pertinent de le publier ici-même.
Voici donc ce discours, repris in extenso, effectué ce jour-là dans un contexte particulier…
Mesdames,
Messieurs,
En 2013, l’Université de Liège consacrait sa rentrée académique à la liberté d’expression.
Hier, un acte ignoble s’est déroulé à Paris. Il a entre autres entraîné la mort des dessinateurs Charb, Cabu et Wolinski, de Charlie Hebdo.
Au regard de ces circonstances, avant d’entamer nos discours, nous tenions à réaffirmer à quel point défendre la liberté d’expression restait un combat essentiel, particulièrement pour une université.
Nous vous proposons dès lors de marquer votre solidarité. Une affichette a été distribuée. Michel Houet est déjà positionné et attend que nous tournions vers lui, en présentant ce message.
Cette photo sera diffusée. Elle témoignera de l’attachement de l’Université de Liège à la démocratie et à la liberté.
Aujourd’hui nous sommes tous « Charlie » !
Merci à vous.
Monsieur le Premier Vice-Recteur,
Messieurs les Vice-Recteurs,
Monsieur l’Administrateur,
Madame la Directrice générale,
Cher(e)s Collègues,
Mesdames,
Messieurs,
Comme le veut la tradition, le mois de janvier voit le Recteur présenter ses vœux.
Et bien… j’ai beau souhaiter apporter une série de changements, je ne vais cependant pas déroger à la règle.
En effet, ces vœux permettent au Recteur d’effectuer le bilan de son action pour l’année qui s’est achevée et de présenter quelques unes de ses priorités pour l’année qui débute.
La première partie est assurément pour moi la plus simple : dresser mon bilan de Recteur.
Cela fait précisément 100 jours que je suis entré en fonction. A peine ai-je eu le temps de m’assoir dans mon nouveau bureau que je me trouve déjà debout face à vous.
100 jours, c’est le temps qu’il a fallu à Napoléon pour reprendre le pouvoir et finir exilé à Sainte-Hélène. Je suis heureux de constater que je n’ai pas connu le même destin funeste.
Le début d’un mandat est une étape importante.
Ainsi, durant ces quelques mois, j’ai entamé une vaste réforme structurelle. Le résultat de cette réforme permettra, j’en suis convaincu, de faciliter plus encore les positionnements stratégiques, de favoriser le développement de projets transversaux porteurs, de permettre une meilleure transmission de l’information et d’utiliser à bon escient l’ensemble des expertises et qualités qui regorgent dans notre Institution.
J’ai apporté différents changements en matière de gouvernance.
Dans un premier temps, j’ai créé le Collège rectoral, qui est devenu le cœur de la gouvernance de l’Université de Liège. Composé du Recteur, du Premier Vice-Recteur, des Vice-recteurs de mission, de l’Administrateur et de la Directrice générale, le Collège rectoral est un organe collectif de réflexion et d’avis. En outre, il propose au Conseil d’administration les objectifs stratégiques de l’Institution en interne et au regard du Pôle académique Liège-Luxembourg. Il veille à leur mise en œuvre, en assure le contrôle et le suivi.
Par la création de cet organe, j’ai souhaité rendre la gouvernance plus collégiale. Celui-ci permet d’associer les expertises de chacune des autorités et garantit la transversalité. Ce fonctionnement en équipe renforce par ailleurs la cohérence et la transparence de la gestion de l’Institution.
J’ai également désigné une quinzaine de conseillers et d’experts. Ces collègues se sont engagés à mettre leurs savoirs, leurs aptitudes, leurs expériences et leur expertise au service du Collège rectoral. Ils le conseilleront et l’aideront à traduire la stratégie en objectifs à moyen et long termes.
Dans un second temps, en matière de recherche et d’enseignement, avec les Vice-recteurs et la Directrice générale, je me suis attelé à redéfinir les organes de réflexion et de concertation ainsi que les processus décisionnels. En voici quelques principes généraux. Je ne rentrerai pas dans les détails, certains points n’ayant pas encore été présentés au CA :
– la réflexion en enseignement et en recherche aura pour origine la Faculté. Les départements se consacreront à l’enseignement et seront bien dissociés des unités de recherche ;
– Le Doyen sera assisté de deux Vice-doyens, le premier à l’enseignement, le second à la recherche. Deux commissions décanales, enseignement et recherche, seront créées dans chaque Faculté ;
– des conseils sectoriels de recherche d’une part, d’enseignement d’autre part, réuniront des représentants des Facultés, des unités de recherche, des CARE, afin notamment de porter des projets transversaux et transdisciplinaires ;
– deux instances institutionnelles de réflexion et de concertation, présidées par les Vice-recteurs concernés, réuniront les représentants de ces conseils sectoriels : le Conseil Universitaire à la Recherche et à la Valorisation (le CURV) ainsi que le Conseil Universitaire à l’Enseignement et à la Formation (le CUEF). Ces organes seront en quelque sorte les bras gauche et droit du Collège rectoral pour la réflexion en enseignement et en recherche ainsi que la définition des objectifs stratégiques.
La mise en application de cette réforme est la première des priorités pour ce début d’année. Chaque organe créé sera assorti de missions et de fonctions bien définies. Les processus seront formalisés et nous veillerons à la bonne information de l’ensemble de la Communauté universitaire pour que cette nouvelle organisation soit rapidement intégrée.
Les administrations sont-elles concernées par cette nouvelle organisation ? Bien sûr que oui ! Cette nouvelle gouvernance ne peut se révéler efficace sans l’engagement de l’Administration.
Plus largement, je vois également des conséquences positives pour le personnel. Cette nouvelle structure permettra plus aisément de dégager une stratégie institutionnelle, de définir des objectifs, de cibler des projets facultaires et institutionnels.
Or, un élément essentiel du bien-être au travail, c’est de savoir pourquoi on s’investit, de savoir quels sont ses objectifs, avec quelles priorités. Je souhaite que cette nouvelle gouvernance le garantisse.
Cela aura pour conséquence une adaptation des missions des administrations. Ou une évolution de celles-ci, c’est selon. Elle devra tenir compte de l’évaluation des administrations, initiée par le Vice-recteur à la Gestion de la Qualité et pilotée par l’Administrateur. Ce processus arrive tout prochainement à son terme.
Je fais de cette adaptation des missions une seconde priorité, en concertation avec les acteurs concernés.
La troisième de mes priorités pour cette année 2015, je pense que je ne vais surprendre personne, c’est l’implication de l’Université de Liège dans le Pôle Liège-Luxembourg.
Je suis intimement convaincu que l’avenir de l’ULg réside dans celui du Pôle. Que la réussite de ce dernier ne sera que bénéfique pour notre Institution.
L’ULg doit en être le moteur. Elle n’y perdra pas pour autant son âme, son essence, ce qui fait d’elle une université, avec tout ce que cela représente. Je pense en effet qu’il n’y a pas meilleure façon de se définir qu’au contact de l’autre.
La réussite de ce projet essentiel à mes yeux reposera en grande partie sur vos épaules. C’est en effet en démontrant toute l’expertise que vous avez développée que l’ULg s’imposera au sein du Pôle. Différentes commissions thématiques entameront leurs travaux dans le courant du premier trimestre.
La quatrième de mes priorités sera de renforcer le rôle clé de l’ULg au sein de sa région.
L’Université de Liège a un rôle scientifique mais aussi un rôle économique à y jouer. Elle a une mission sociétale à remplir en matière de diffusion de nos savoirs, d’innovation, de créativité.
Depuis longtemps, l’Université de Liège se caractérise par un ancrage socio-économique très fort. De nouveaux outils sont apparus au cours de ces dernières années. Il s’agit par exemple de Liège Creative, initiative de notre Interface, du projet ID Campus ou de la jeune Maison des Sciences de l’Homme.
J’entends les soutenir et les renforcer pour faciliter le dialogue, l’échange, la créativité, l’innovation avec le monde de l’entreprise et avec la Cité.
Par ailleurs, notre Université est au cœur de réseaux d’innovation concrets pour penser la reconversion de sa région et de la Région Wallonne dans son ensemble. Je citerai en exemple deux projets en bonne voie : VERDIR et Reverse Metallurgy. Un troisième projet en construction s’avère également très prometteur. Le Premier Vice-recteur et le Vice-recteur à la Recherche installent un Pôle « santé » au Sart Tilman, structuré autour de 4 thématiques porteuses d’avenir, regroupant scientifiques, cliniciens et entreprises.
Et la politique envers le personnel dans tout cela ?
Vous le savez, l’Université de Liège s’est inscrite dans un plan budgétaire contraignant mais pourtant nécessaire. Et nous devons poursuivre ces efforts. Nous sommes conscients que les décisions prises pour les renouvellements, les promotions et les engagements sont difficiles.
Cette situation doit-elle nous empêcher de réfléchir à une politique envers le personnel, à améliorer les conditions de travail ? Il est évident que non ! Des mesures doivent être envisagées. Nous ne pouvons nous limiter simplement à un renouvellement des chèques repas (ce qui est déjà très bien en soi !).
Le bien-être au travail est pour moi un élément essentiel au bon fonctionnement d’une Université. Comment s’épanouir, porter des projets, pourquoi s’investir et avoir un regard positif sur son travail si les conditions ne le permettent pas ?
Un changement de gouvernance, la définition des objectifs à atteindre et des processus à mettre en place vont certainement y contribuer.
Je pense que l’ULg propose déjà de bonnes conditions de travail. Cela étant, au regard de l’évolution des fonctions, des métiers, des profils recherchés, au regard de la pyramide des âges, de l’évolution socio-économique, du changement de certaines valeurs et des modes de vie, nous sommes conscients qu’une réflexion doit être menée, que des changements doivent être apportés.
Ainsi, nous devrons prendre des dispositions relatives à l’évolution de la carrière et du statut du personnel contractuel (passif social, préavis, assurance groupe…). La situation du personnel scientifique est trop souvent instable et précaire. Nous devrons mettre en place un suivi et un accompagnement des académiques et scientifiques permanents : gérer un service ou un projet de recherche, gérer un département et du personnel, évaluer des dossiers ou des projets… se font souvent au détriment des tâches principales d’enseignement et de recherche.
Nous devons continuer à promouvoir la « statutarisation » du personnel. Nous devons réfléchir à des mesures qui aideront à garantir l’équilibre entre travail et vie familiale. La question du genre doit être traitée et notamment la proportion femmes-hommes au sein des facultés et des administrations. Nous devons veiller à proposer des formations pour le personnel qui correspondent à l’évolution de leurs fonctions, de leurs métiers. Une réflexion sur le télétravail doit aussi être menée.
Nous proposerons cette année au Conseil d’Administration une série de mesures et d’actions. J’en fais ma 5e et dernière priorité.
Beaucoup de travail nous attend donc.
J’espère que nous pourrons concrétiser ces nombreux projets en 2015. Ce sont les vœux que j’adresse à l’ULg et à l’ensemble de ceux qui permettront de les exaucer, c’est-à-dire vous.
Bonne année 2015 ! Et une bonne santé, notamment grâce au jogging de Liège métropole du 3 mai prochain et à toute la préparation qui le précède, qui vous permettront d’éliminer toutes les toxines accumulées pendant les fêtes !
Merci de votre attention.