Carte blanche publiée dans le quotidien La Libre, octobre 2013.

Pas un jour ou presque sans un buzz ou une controverse autre de la question du racisme dans notre société ! Pour les uns, le racisme reste important et doit être combattu avec force. Pour d’autres, il doit au contraire être le socle d’une société « racialement polarisée » Pour d’autres encore, « on ne peut plus rien dire » de peur d’être taxé de raciste par la gauche « politiquement correcte ». Très souvent, les débats restent d’un simplisme effarant. On se demandera si messieurs Van de Walle et Pauwels sont racistes, on les condamnera parfois sans revenir sur les significations profondes du racisme et sur la manière dont il a historiquement opéré dans nos sociétés. Or, il faut le faire car le terme est redevenu extrêmement problématique dans les débats publics.

Qu’est-ce que le racisme ? Sans entrer dans les détails, il est aujourd’hui communément admis que le racisme a plusieurs dimensions. Le racisme est d’abord une idéologie basée sur une croyance centrale dans l’idée de la division de l’humanité en races, c’est-à-dire en groupes biologiques et/ou culturels qui se reproduisent avec les mêmes caractéristiques de génération en génération. D’un point de vue raciste, certaines races sont considérées comme inférieures et d’autres comme supérieures. Toute idéologie raciste qui se respecte fonctionne sur une double logique : celle de la hiérarchisation et celle de l’homogénéisation. Toutes deux conduisant à une logique de préservation de la pureté de la race dite supérieure à travers notamment l’interdiction des mariages mixtes, la séparation des groupes raciaux dans la vie sociale et à l’extrême, par la destruction physique de la race supposée constituer un danger pour la pureté du groupe. D’un point de vue scientifiques, toutes ces croyances sont des aberrations, mais elles séduisent néanmoins une partie de la population.

Le racisme est aussi un ensemble de préjugés moins théorisés qui gouvernent les représentations et les comportements quand nous sommes confrontés à un individu supposé appartenir à une autre race. Derrière la personne dont les caractéristiques objectives disparaissent, apparaît le groupe homogénéisé : les Arabes sont violents, les Noirs sont de grands enfants, les Juifs sont des commerçants nés, etc.

Les idéologies et les préjugés racistes peuvent se traduire par des discours de haine et des comportements violents dirigés individuellement et/ou collectivement vers les membres des races inférieures et/ou dangereuses. C’est une troisième dimension du racisme.

Le racisme devient institutionnel et/ou structurel lorsque l’état et la société excluent certains groupes raciaux du bénéfice des ressources et des biens publics par des mécanismes de discrimination directe et indirecte en matière d’emploi, d’éducation de logement, d’allocations sociales, d’accès au système judiciaire, etc. Dans certains cas, cela participe de l’établissement d’un ordre politique racial comme l’apartheid sud-africain ou le système Jim Crow aux USA.

On voit aisément que les déclarations de messieurs Van de Waller et Pauwels relèvent de la troisième dimension du racisme, celle des préjugés diffus dans la société depuis l’ère coloniale. Mes ces deux « amuseurs » ne me semblent pas pouvoir être qualifiés de racistes dans le premier sens. Ils me paraissent en effet peu enclins à la théorisation qu’elle soit « raciste » ou autre. Ils ne sont pas non plus racistes dans le troisième sens dans la mesure où ils ne sont les auteurs d’aucun discours de haine, que du contraire ! Enfin, loin d’eux l’idée d’une société racialement divisée, polarisée (quatrième dimension du racisme).

Certes, il est facile de s’en prendre à ces deux « people » mais à qui profite cette situation ? A l’ignorance, dans la mesure où ces accusations nous empêchent de nous poser une question fondamentale : comment se fait-il que des préjugés aussi grossiers et simplistes contient d’être véhiculés dans la société ? Par ailleurs, ces polémiques font l’affaire des idéologues des entrepreneurs politiques du racisme qui mobilisent la frustration se renforcer dans leurs projets nauséabonds dans une population désabusée par la crise.

 

 

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