L’idée d’une solidarité forte entre les états membres de l’Union européenne est un piler de ce projet surpranational. Or, cette solidarité européenne est mise à mal depuis de nombreuses années. On peut prendre trois exemples parmi tant d’autres. Premièrement, lors de la crise financière de 2008, le traitement infligé à la Grèce a témoigné d’un conception particulièrement étroite de la solidarité européenne parfois justifié par des stéréotypes nationaux confinant dangereusement avec le racisme à l’égard du peuple grec « corrompu et fainéant », indigne donc de solidarité. Deuxièmement, la crise de l’accueil des réfugiés qui secoue l’Union européenne depuis 2015 est l’expression d’un manque total de solidarité entre états membres poussé jusqu’à la caricature par les états du groupe de Višegrad qui ne semblent être intéressés par le projet européen que lorsqu’ils peuvent en tirer des profits économiques sous forme d’aides diverses et conséquentes en provenance de l’UE. Mais accueillir sa juste part des réfugiés, venir en aide à des personnes en danger, n’était et n’est toujours pas une option pour eux. Troisièmement, le brexit peut aussi être lu comme un refus de la part de Johnson et de ses ouailles de continuer à s’inscrire dans un projet européen encore trop solidaire pour eux.
La crise sanitaire actuelle est un crash test crucial de la solidarité européenne. Qu’en reste-t ’il vraiment ? Les états membres de l’Union se font la guerre sur le marché mondial des masques sanitaires. La République tchèque détourne ‘par inadvertance ‘ des masques destinées à l’Italie. L’idée de lancer des Coronabonds européens divise les états membres en 2 groupes. Les plus farouches opposants à cette mesure sont ceux qui hier ont enfoncé la Grèce par des plan d’austérité qui ont maintenus jusqu’à ce jour une bonne partie de la population grecque dans la misère.
Le Nord de l’Italie, une des gérions les plus riches de l’Union européennes qui contribue le plus au développement de celle-ci n’en finit plus de compter ses morts. Le Premier Conte et le Président Mattarella ne cessent de faire appel à la solidarité européenne en cette période d’une exceptionnelle gravité. Mais Bruxelles, ne répond pas car ce que trop d’états membres ne veulent pas répondre. Au même moment, l’aide arrive de Cuba, de Russie et depuis hier d’Albanie. Où est donc la solidarité intra Union européenne ! Sommes-nous en train d’enterrer définitivement le projet européen avec les milliers de morts de Bergame et d’ailleurs ? Le risque est réel. Si cela devait se produire, à la catastrophe sanitaire succéderait un cataclysme politique et économique dans une Europe déchirée faites d’états égoïstes repliés sur eux-mêmes dans des schémas de pensée passéistes et autodestructeurs.