« Comme vous l’ont montré les différentes séquences vidéos que vous avez pu voir au cours de cette cérémonie, une université, c’est avant tout des hommes, des femmes, des mots, des thèses et des connaissances qui circulent et nous relient les uns aux autres, par-delà les distances, par-delà la succession des nuits et des jours de nos fuseaux horaires.
Une université au 21ème siècle, c’est avant tout un réseau qui nous relie les uns aux autres d’un bout à l’autre de la planète, là où nous conduit la dynamique de circulation de nos savoirs.
Mais c’est aussi une communauté, un lieu d’appartenance, de partage de traditions, de rites, de couleurs, de mots et de toges. A l’image de cette cérémonie que nous proposons à Liège depuis de nombreuses années.
Une université allie tradition et modernité à sa gouvernance. C’est là un mouvement constant qui anime nos institutions. C’est pour cela que le Collège rectoral a décidé de revoir en profondeur nos structures de gouvernance afin d’aligner notre vénérable université sur ce mouvement de profondes réformes décrétales que nous traversons sans cesse depuis plusieurs années en Belgique.
Le récent défi auquel nous avons été confrontés est, vous le savez, de nous insérer durablement et de manière efficiente dans le nouveau paysage de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie Bruxelles, en partenariat avec les Hautes Ecoles, les Ecoles Supérieures des Arts et les Institutions de promotion sociale, dans le cadre des pôles académiques et tout particulièrement du Pôle Liège-Luxembourg.
Le Pôle, c’est une opportunité à saisir pour chaque partenaire mais surtout pour le développement de notre région.
Le Pôle permettra d’offrir de nouveaux horizons, tout en respectant les spécificités de chacun.
Mais avant d’entreprendre des collaborations et des coopérations parfois complexes, il est primordial de respecter une étape importante : chercher notre spécificité, nous définir dans ce paysage.

Nous devons nous DÉ-FI-NIR !
Notre spécificité est de lier continuellement enseignement et recherche, de veiller à ce que l’une et l’autre s’alimentent sans cesse, même si j’insisterai plus sur la fertilisation de l’enseignement par nos propres recherches.
Bien sûr, pour certains, ce que je viens d’avancer peut paraître pour un truisme. Est-il encore nécessaire de meubler un discours par de telles évidences ?
Oui, bien sûr.
Dans le contexte de récession sociale et économique que nous traversons actuellement, de plus en plus nombreux sont ceux qui condamnent la formation universitaire, n’y voyant qu’un coût pour la collectivité, sans effet réel sur la dynamique économique. Or, comme le montrait le 4 mars dernier l’économiste Paul De Grauwe dans le quotidien belge Le Soir, à propos de l’installation du site commercial Uplace qui fait l’objet d’un vif débat en Flandres, l’Université contribue non seulement à la production du capital humain mais joue de plus en plus un rôle important en matière de développement économique. Il concluait en affirmant ceci : « un professeur d’université peut contribuer autant à la création de valeur économique et l’emploi que l’entrepreneur ». A ses yeux et dans un sens large, l’université n’est pas improductive. Elle crée de la plus-value économique mais aussi des valeurs, des connaissances, des techniques. Elle contribue au bien-être, à la santé, à la qualité de vie de la population.
C’est entre autres pour cette raison que l’Université de Liège organise cette cérémonie à laquelle nous tenons beaucoup.
C’est sans doute ici même, aujourd’hui, à travers cette symbolique que se trouve plus que jamais réaffirmée la quintessence de nos fondements, de ce qui nous construit et de ce que nous construisons ensemble.
Les sommités que nous honorons aujourd’hui ont tant fait pour innover, créer, démontrer, expliquer, que je dois vous avouer que c’est une torture pour leurs parrains et marraines de devoir les présenter en quelques minutes. Mais ils ont accepté de se plier à l’exercice.
Leur apport à la société est exceptionnel et à pour essence… la recherche !
La recherche… Parlons-en !

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Je n’irai pas jusqu’à suivre l’impertinence du Chat de Philippe Geluck, qui, au fond, nous dit qu’on peut très bien distinguer les chercheurs des trouveurs ! Je trouve que ce serait même une idée dangereuse, en période de restrictions budgétaires, où l’on pourrait décider de nous financer uniquement sur base des résultats obtenus, nous contraignant à remplacer nos chercheurs par des trouveurs. Cela dit en passant, je ne me vois pas rebaptiser notre Vice-Recteur à la Recherche, Vice-Recteur à la Trouvaille ! Non, ce n’est vraiment pas une bonne idée du tout !!
Là n’est évidemment pas la question. N’étant forcément pas spécialiste de tous les domaines couverts par les Docteurs Honoris Causa de ce jour, je serais moi-même bien incapable de vous présenter en détails ce qu’ils ont trouvé !
Ce que je puis vous dire, c’est que tous, ils ont cherché toute leur vie et… qu’ils cherchent encore.
La recherche, c’est une posture, c’est un métier mais c’est aussi un ethos, c’est un projet de vie !
Nous devons continuer à rappeler la portée de ce message et le faire encore et encore, inlassablement, à chaque cérémonie.
Et ce n’est pas innocemment, qu’en Collège rectoral, nous avons souhaité transformer le « Conseil Universitaire de la Recherche » en « Conseil Universitaire de la Recherche et de la Valorisation ».
Car ce que nous produisons a de la valeur.
Ce que nous trouvons est à valoriser. Valoriser pour de nouveaux développements techniques, médicaux. Valoriser pour mieux comprendre qui nous sommes et expliquer le monde.

Et ce n’est pas innocemment non plus que je souhaite une université au cœur de la cité, une université au cœur d’une nouvelle économie de la connaissance et des services, une université qui remplisse une mission sociétale en matière de diffusion de nos savoirs, d’innovation et de créativité.
De nouveaux outils sont apparus au cours de ces dernières années. J’entends les soutenir et les renforcer pour faciliter le dialogue, l’échange, la créativité, l’innovation avec le monde de l’entreprise et avec la Cité. J’entends également soutenir et renforcer les activités de vulgarisation scientifique. Les activités qui permettent au chercheur de s’expliquer, de débattre, de se faire pédagogue et aussi, de transmettre une passion.
Le monde n’a jamais eu autant besoin de recherche fondamentale et appliquée.
Nos honoris causa de ce jour ont été et sont des passeurs de savoirs et des transmetteurs de passion. Sans cela, ils ne seraient pas ici, en ce jour, parmi nous. Combien de jeunes ont-été convaincus de poursuivre, de persévérer, en les côtoyant ?
C’est également ce qui donne tant de richesse et d’intensité à cette manifestation.
Elle met en valeur le travail continu du chercheur, elle permet la rencontre et par là, favorise la transmission d’une passion.
Notre passion.
Je vous remercie. »