Lettre ouverte à Enrico Letta, Président du Conseil italien, après le drame de Lampedusa
Les événements récents de Lampedusa nous rappellent encore une fois de manière extrêmement dramatique à quel point l’Italie et l’Europe sont aux prises avec la réalité globale des flux migratoires. L’émotion provoquée par cette prévisible catastrophe est intense et légitime. Elle ne doit toutefois pas nous empêcher de réfléchir à des réponses politiques adéquates sur le long terme en vue de relever les défis de l’immigration mais aussi ceux de l’immigration.
Europe : de l’immigration à l’émigration ?
La mondialisation en général, la crise financière et économique à laquelle elles sont liées et leur traduction en termes de précarité et d’inégalités sociales génèrent dans la population des incertitudes et des préoccupations multiples quant au présent et l’avenir. Dans ce contexte, l’immigration et la présence des immigrés (et de leurs descendants) sont souvent présentées comme des réalités problématiques, dangereuses, incontrôlées accentuant encore les craintes multiples d’une partie de la population.
Les intellectuels académiques et la tourmente mondiale
Nous traversons une des périodes les plus difficiles et les plus troublées des dernières décennies. Nos sociétés sont agitées par des convulsions multiples qui n'épargnent pratiquement aucune de ses composantes. Elles semblent avoir perdu leurs cadres de référence, leurs certitudes, leur confiance en elles-mêmes: elles sont déboussolées.
Un regard sur « Aria Tammorra »
Les sociologues et les historiens des migrations le savent bien : tôt ou tard, nombre de descendants de migrants et de personnes déplacées ressentent le besoin de comprendre la raison de leur présence ici et maintenant en retournant à la source, à l’origine du grand voyage que firent leurs ancêtres. C’est vrai des descendants d’esclaves africains aux Etats-Unis qui « retournent » en Afrique pour d’où leurs ancêtres sont venus. C’est vrai de nombreux enfants adoptés en Asie ou ailleurs. C’est vrai ici d’Andrea Gagliardi, fils d’un travailleur immigré de Campanie, lorsqu’il a décidé après une longue période de rupture de renouer avec la terre du son père.
« Pourquoi être citoyen européen en 2010 ? »
D’après mon nom, vous aurez compris que tout ce qui concerne les relations entre la Belgique et l’Italie m’intéresse ainsi d’ailleurs que le passé, le présent et le futur de que l’on appelle parfois improprement la communauté italienne de Belgique. En fonction de ma formation et de ma profession, les organisateurs savent que le thème de la journée tel qu’il se décline dans l’intitulé « Pourquoi être citoyen européen en 2010 ? » est au coeur de mes recherches et travaux depuis plus de 20 ans. Je ne vais pas aujourd’hui faire un exposé théorique pointu ni même présenter de manière systématique les résultats de recherches récentes menées au sein de mon centre, le CEDEM à l’université de Liège. Je voudrais simplement vous proposer deux réflexions que m’inspire le titre général de la journée au regard de l’actualité de notre pays et de l’Europe et quelques réflexions sur les nouvelles migrations en Europe.